10% du budget
de recherche
décidé par les
citoyen·nes
Comment réorienter les recherches, concrètement et rapidement, pour qu’elles aident au mieux à répondre aux trois défis que nous nous devons de relever ? (diminuer les impacts écologiques, s’adapter aux impacts inévitables, et faire tout cela très rapidement). À la lecture des propositions d’Horizon TERRE, une évidence s’impose : la très grande majorité des pistes envisagées ne coûtent pas cher. Il y deux raisons à cela.
Premièrement, des solutions ne peuvent se mettre en place rapidement que si elles existent déjà, ou presque. Un contre-exemple extrêmement coûteux est le pari de la fusion nucléaire. Même si la fusion nucléaire était maîtrisée dans 60 ans (ce qui correspond aux promesses les plus optimistes), cela arriverait beaucoup trop tard par rapport à la vitesse du changement climatique, trop de points de non-retours auront été franchis. Par ailleurs, quand bien même la fusion nucléaire fournirait une énergie illimitée et sans déchets, cela ne résoudrait rien au principal problème de l’énergie : ce qu’on en fait. Tant que l’énergie sera utilisée pour exploiter et détruire la planète en construisant des objets qui satisfont des besoins artificiels ou des armes, l’avenir de l’humanité sera bien sombre.
Deuxièmement, les solutions proposées concernent en majorité l’organisation socio-économique, identifiée comme la source principale des ravages écologiques (comme rappelé dans l’exemple ci-dessus de l’usage de l’énergie). Dans tous les groupes de travail, et de façon non concertée, est apparue l’évidence d’un besoin accru en connaissances en sciences humaines et sociales, alors que les trois grandes thématiques retenues semblaient concerner a priori davantage les sciences de la nature (médecine, biologie, agronomie, physique …) ou de l’ingénieur. Or le coût des sciences humaines et sociales est incomparablement plus faible.
Cela ne veut pas dire que ces connaissances sont suffisantes pour changer la société, ni qu’Horizon TERRE ne propose que des pistes dans ce champ scientifique. Horizon TERRE n’a aucun parti pris anti-technologique, ni contre les sciences de la nature ou de l’ingénieur. Toute solution technologique qui permette de gagner en efficacité, de réduire les impacts écologiques, ou de recycler davantage est bonne à prendre et nécessaire. Des solutions « low-tech », peu gourmandes en énergie et matériaux, offrent un potentiel considérable de perspectives réellement « innovantes et disruptives », qui devront mobiliser l’inventivité des ingénieur·es et des scientifiques de la nature.
Mais, la réflexion menée dans Horizon TERRE est que toute solution technologique est inutile voire contre-productive dans un monde en croissance. La priorité est dans le changement socio-économique, elle est politique. Dans la société démocratique qui est la nôtre et que nous souhaitons préserver et améliorer, ce changement politique n’adviendra que si les citoyen·nes s’en emparent. Quelle meilleure solution peut-on proposer que de leur demander de décider eux-mêmes et elles-mêmes de la façon dont ils et elles souhaitent changer ?
Nous proposons donc aux pouvoirs publics (État, Europe, Régions) de consacrer 10% des budgets de la recherche aux orientations choisies par des Conventions Citoyennes.
Les conventions citoyennes
Une “Convention Citoyenne est une procédure de participation qui combine une formation préalable (où les citoyens étudient), une intervention active (où les citoyens interrogent) et un positionnement collectif (où les citoyens rendent un avis)”. Une première Convention Citoyenne nationale pourrait par exemple décider des modalités de création de Conventions régionales, locales, ou ciblées sur des thématiques précises. Le travail préliminaire réalisé dans Horizon TERRE nous a convaincu que ce budget de 10% sera largement suffisant pour financer les recherches nécessaires à l’atténuation et à l’adaptation au changement climatique et autres ravages écologiques, car ces recherches prioritaires ne mobiliseront guère de technologies coûteuses.
Pourquoi 10%, et pas 5% ou 20% ? Le chiffre est bien sûr symbolique et pragmatique, il indique l’ordre de grandeur d’un budget qui serait à la fois suffisant et nécessaire. Suffisamment faible pour qu’un gouvernement accepte de “prendre le risque” de faire confiance aux citoyen·nes ; suffisamment important pour permettre de lancer et pérenniser des projets d’envergure. Ce budget permettra de donner les moyens à des collectifs de recherche hybrides (chercheur·es professionnel·les et civil·es) d’ouvrir d’autres futurs possibles et de construire, ensemble, les solutions manquantes compatibles avec les limites planétaires. L’implication forte des citoyen·nes est la garantie de succès d’un changement social profond et durable.
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