Agriculture

Agriculture

L’agriculture est le premier maillon des systèmes alimentaires. Son évolution sans précédent depuis le milieu du xxe siècle a permis d’augmenter la productivité agricole et la productivité du travail, mais elle a généré des impacts environnementaux qui ne sont plus soutenables. 

C’est pourquoi, au sein du système alimentaire, nos recherches doivent porter sur un changement de modèle de production en y incluant les biens communs que sont le foncier agricole, le climat, la qualité des eaux, de l’air et des sols.

Dans cette partie sont identifiés les enjeux et axes de recherche, qui sont une alternative à Horizon Europe, dans le domaine de l’agriculture. Nous les présentons selon quatre dimensions. La dimension “se relier” traite des liens entre humains et non humains, très souvent ignorés alors qu’ils sont source de sens dans nos actions et nos vies. La dimension “vivre bien” aborde le bien commun au sein du système alimentaire. La dimension “s’organiser” identifie les politiques publiques ou les ressources permettant le “vivre bien “ et de “se relier”. Enfin, la dimension “faire” investit les champs des possibles et souhaitables des techniques et de l’organisation du système alimentaire, à partir des ressources disponibles, notamment pour le maintien des biens communs. 

Cette façon de définir les enjeux et axes de recherche permet de mettre l’accent sur le « pourquoi » avant de s’intéresser au « comment ».

Agriculture et Santé

Les liens entre santé et modèles agricoles ne peuvent plus être niés. L’impact des pesticides sur l’environnement et l’effondrement de la biodiversité se double de conséquences multiformes sur la santé humaine qu’il est encore difficile d’identifier précisément, et qui doivent être mieux comprises. Il convient de revoir le modèle agricole dans son ensemble, pour réduire notre dépendance aux antibiotiques chez les animaux, notre consommation de viande ou de produits ultra-transformés, notamment dans les milieux moins favorisés. 

Les politiques publiques sont concernées au premier rang, en particulier la PAC. Des travaux doivent être menés pour mieux évaluer les coûts cachés d’un modèle agricole intensif, et les atouts de la relocalisation des productions et transformations.

Des approches sociologiques peuvent aussi être développées pour mieux appréhender les résistances aux changements, tant du point de vue des producteurs et productrices que de l’ensemble des maillons d’un système qui peine à évoluer. 

Enfin, le régime de protection des professionnel·les de l’agriculture, la santé des riverain·es, les pratiques alimentaires sont autant de sujets qui méritent également plus d’égard pour une agriculture plus adaptée aux enjeux de notre temps.

Énergie-Habitat-Mobilité et Agriculture

Jusqu’au début du xxe siècle, la biomasse agricole et forestière a été la source d’énergie majoritaire des sociétés humaines. La forte augmentation de l’exploitation des énergies fossiles n’a pas réduit l’usage de la biomasse, qui fournit toujours environ 10% de l’énergie primaire consommée dans le monde. Dans un contexte de changement climatique et de raréfaction des ressources fossiles, leur substitution par la biomasse s’est engagée. Présentée comme une solution verte, elle conduirait pourtant à l’épuisement massif d’écosystèmes, si elle se généralisait en conservant le niveau de consommation actuelle d’énergie. Arbitrer les futurs usages de la biomasse (antagonismes, synergies) constitue un choix de société et demande le développement de métriques adaptées. A l’interface avec les enjeux d’alimentation, il s’agit aussi d’accompagner écologiquement le mouvement de reflux progressif des urbains vers les territoires ruraux (autonomie alimentaire locale, coopération, sobriété des modes de vie). 

Plusieurs domaines d’intervention ont ainsi été identifiés 

(1) la caractérisation des flux réciproques entre agricultures et mobilité, bâtiment, production énergétique ; 

(2) les compromis et synergies entre différents usages de la biomasse, concernant aussi bien les usages fonciers (ex. redistribution des surfaces) que l’allocation des flux de production (ex. devenir de la biomasse non consommable par les humains, articulation entre production d’énergie et fertilisation des sols) ;

(3) la redéfinition des besoins relatifs à l’autosubsistance, en situation de décroissance énergétique (organisation de l’allocation du foncier, de la mobilité, des pratiques agricoles ; redéfinition des métiers, mobilisation des savoirs traditionnels et indigènes).