énergie  habitat mobilité

Énergie-Habitat-Mobilité

Les recherches projetées par Horizon Europe se concentrent sur le développement d’innovations technologiques, comme la  » mobilité intelligente  » ou encore la  » voiture autonome « . Ces technologies sont trop souvent présentées comme des  » solutions  » alors que les impacts et les éventuels effets rebond sont insuffisamment analysés. Ces recherches courent le risque de ne pas induire d’effets de réduction, ou même de pousser à des choix de société ayant des effets contre-productifs au niveau environnemental.

Nous proposons un programme alternatif de recherche orienté sur (1) la suffisance, qui consiste à répondre avec mesure aux besoins humains dans leur écosystème, en refusant le  » toujours plus  » ; et sur (2) l’autonomie pour permettre aux communautés humaines de choisir les évolutions qu’elles estiment souhaitables.

L’UE refuse de lever le tabou du  » toujours plus « , en postulant par exemple que  » la demande de bien et de mobilité continuera d’augmenter « . Pourtant les désirs de ralentir et de changer de comportement s’affirment de manière croissante dans les enquêtes internationales. 

Afin de faciliter le changement de paradigme dans les programmes de recherches, convoquer des conventions citoyennes permettra d’opérer les choix budgétaires. Pour sa part, le recours aux sciences humaines et sociales contribuera à lever les freins et à accélérer les transformations sociales.

Nous proposons ici un premier éventail d’axes de recherche potentiels, qui gagneront à être promus avec un degré de priorité si possible plus élevé que les recherches portant sur les  » solutions  » exclusivement technologiques.

Santé et Énergie-Habitat-Mobilité

La qualité de vie en bonne santé ne doit pas se réduire à un système basé sur la médecine curative. Les conditions de vie sont imbriquées dans la promotion de la santé physique et mentale. Ainsi, vouloir prévenir la survenue de maladies doit mobiliser des changements profonds des habitats, de l’urbanisation, de la gestion des ressources énergétiques et de la mobilité des personnes.

Face au vieillissement de la population, aux inégalités sociales, économiques et culturelles, au réchauffement climatique, aux pollutions extérieures et intérieures, l’engagement vertueux écologique et économique vers un environnement sain, peu émetteur de gaz à effet de serre, favorisant les espaces verts et diminuant le trafic automobile, aura des effets bénéfiques directs sur la santé de toutes et tous.

Le projet d’Horizon TERRE relatif à la santé défend l’accès pour toutes et tous, à un habitat digne, à des ressources (air, eau, sol) non polluées, à des modalités de transport douces, collectives et équitablement réparties sur les territoires urbains et ruraux. Il propose différentes alternatives visant à lutter contre les précarités : de l’habitat, énergétique, sociale, économique et culturelle.

Énergie-Habitat-Mobilité et Agriculture

Jusqu’au début du xxe siècle, la biomasse agricole et forestière a été la source d’énergie majoritaire des sociétés humaines. La forte augmentation de l’exploitation des énergies fossiles n’a pas réduit l’usage de la biomasse, qui fournit toujours environ 10% de l’énergie primaire consommée dans le monde. Dans un contexte de changement climatique et de raréfaction des ressources fossiles, leur substitution par la biomasse s’est engagée. Présentée comme une solution verte, elle conduirait pourtant à l’épuisement massif d’écosystèmes, si elle se généralisait en conservant le niveau de consommation actuelle d’énergie. Arbitrer les futurs usages de la biomasse (antagonismes, synergies) constitue un choix de société et demande le développement de métriques adaptées. A l’interface avec les enjeux d’alimentation, il s’agit aussi d’accompagner écologiquement le mouvement de reflux progressif des urbains vers les territoires ruraux (autonomie alimentaire locale, coopération, sobriété des modes de vie). 

Plusieurs domaines d’intervention ont ainsi été identifiés 

(1) la caractérisation des flux réciproques entre agricultures et mobilité, bâtiment, production énergétique ; 

(2) les compromis et synergies entre différents usages de la biomasse, concernant aussi bien les usages fonciers (ex. redistribution des surfaces) que l’allocation des flux de production (ex. devenir de la biomasse non consommable par les humains, articulation entre production d’énergie et fertilisation des sols) ;

(3) la redéfinition des besoins relatifs à l’autosubsistance, en situation de décroissance énergétique (organisation de l’allocation du foncier, de la mobilité, des pratiques agricoles ; redéfinition des métiers, mobilisation des savoirs traditionnels et indigènes).